samedi 6 décembre 2014

Les femmes dans les expositions internationales et universelles (1878-1937)

affiche colloque femmes expos 

Ce colloque, réalisé dans le cadre du programme « Plurigenre » de l’Institut des Humanités de Paris (université Paris Diderot), a reçu le soutien des organismes suivants : L’Institut des Humanités de Paris, l’Institut des études avancées de Paris, la Ville de Paris, l’Institut Émilie du Châtelet, l’université Paris Descartes, le MAGE et les laboratoires de recherche LARCA (université Paris Diderot), Cerlis (université Paris Descartes), Présage (Sciences Po).

" Les femmes dans les expositions internationales et universelles (1878-1937) Actrices et objets des savoirs "

Date : les 23-24 octobre 2014
Lieu : Institut d’études avancées de Paris - 17 quai d’Anjou, 75004 Paris
Programme à télécharger en PDF
Une traduction simultanée français/anglais sera assurée pendant le colloque

Les places étant limitées, pré-inscription gratuite mais obligatoire auprès des organisatrices : rebecca.rogers@parisdescartes.fr  et myriam.boussahba-bravard@univ-paris-diderot.fr  (merci de précisez le détail des sessions auxquelles vous serez présent-e)




Territoires et réseaux de création au féminin : visibilité et reconnaissance des réseaux de femmes



28 novembre 2014 - 9 h 30 - 17 h. - Université de Bourgogne, Salle R 01 - Pôle AAFE
Journée d'études : Territoires et réseaux de création au féminin : visibilité et reconnaissance des réseaux de femmes
Organisatrices : Marianne Camus, Valérie Dupont et Valérie Morisson

Le projet Territoire et réseaux de création féminine est consacré au fonctionnement et à l’utilisation du réseau. Le réseau est différent du salon, de l’atelier, de l’école et même du groupe : il tire sa spécificité de sa nature souple, multiple, ouverte et complexe. Au cours des siècles, les femmes ont trouvé dans le réseau un mode d’insertion – et/ou de résistance – à un monde artistique dont l’ouverture leur était et est encore problématique (volet I).
La journée d’étude « Visibilité et reconnaissance des réseaux de femmes » (volet II) s’intéresse au rôle joué par des femmes œuvrant à la reconnaissance d’artistes, des professionnelles intervenant dans les systèmes de réception et diffusion des œuvres d’hommes ou de femmes. À partir d’exemples empruntés à la scène internationale, il s’agira d’examiner et d’analyser la manière dont des journalistes, des critiques, des éditrices, des galeristes, des mécènes ou autres actrices de l’appareil artistique dans son ensemble et sa diversité travaillent en réseau, initient et consolident des convergences théoriques ou font émerger et évoluer des réseaux artistiques féminins ou mixtes. Nous nous attacherons à explorer l’existence de réseaux réunissant des professionnelles dont les activités et les modes d’interconnection créent une alternative aux modèles théoriques dominants et suscitent de nouvelles traditions. Nous nous intéresserons en particulier à l’éclosion et aux orientations d’un discours critique élaboré par les femmes ainsi qu’à la façon dont il se développe et s’étend à travers des réseaux informels, marginaux ou institutionnels. La journée d’étude vise également à mettre en avant le rôle des femmes exerçant le métier de galeriste, commissaire d’expositions, conservatrice, éditrice, initiatrice de festivals ou de rencontres artistiques (arts visuels, spectacle vivant, littérature) ou encore mécène. Ouverte à la pluridisciplinarité (histoire de l’art, histoire littéraire, histoire de l’édition, sociologie de l’art, critique d’art/critique littéraire) la thématique sera abordée sur la période des XIXe au XXIe siècles. 

Programme

    Matinée
  • Nelly Sanchez, Académie de Montpellier : Le prix « Vie heureuse » : de l’opération publicitaire à la promotion de la femme de lettres
    [28'31]

  • Vanessa Gemis, Université libre de Bruxelles : Les réseaux de femmes de lettres en Europe (XIXe-XXe siècles)
    [36'20]

  • Julie Verlaine, Université paris I : Collectionneuse d’art et mécènes au XXe siècle : concurrences, émulations et collaborations
    [35'01]

  • Discussion

    Après-midi
  • Servin Bergeret, Université de Bourgogne : Iris Clert : réseaux et territoires d’une femme montreuse d’art
    [31'19]

  • Muriel Andrin & Anaëlle Prêtre, Université libre de Bruxelles : Ombre & Lumière – des réseaux artistiques et critiques féminins à Bruxelles (1972-2014)
    [28'59]

  • Valérie Lefebvre-Faucher, Université du Québec à Montréal : L’héritage féministe chez Remue-ménage
    [20'42]

  • Margot Lauwers, Université de Perpignan Via Domitia : L’écocritique féministe
    [22'16]

Les communications peuvent être réécoutées sur ce site

mardi 23 septembre 2014

Séminaire du Groupe de recherche pluridisciplinaire sur le marché de l'art, 2014-2015



                                 

Groupe de recherche pluridisciplinaire sur le marché de l’art (GREMA)
Programme du séminaire 2014-2015
Le séminaire de recherche du GREMA est ouvert à tou-te-s, sans inscription, un vendredi par mois de 17h à 19h au Centre Malher de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne (M° Saint-Paul, 9 rue Malher, salle 106). En 2014-2015, il est animé par Julie Verlaine, MCF d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Toutes les actualités du groupe sont à retrouver sur le Carnet Hypothèse : http://grema.hypotheses.org/

§  14 novembre : « Le collectionneur dans tous ses états », Nathalie Moureau, MCF en sciences économiques à l’Université Paul Valery, chercheur au LAMETA, Université de Montpellier.

Atypique, la figure du collectionneur a attiré l’intérêt de chercheurs relevant de plusieurs disciplines. Si peu de travaux ont, en économie, traité de cette question, les écrits de psychologues, ethnologues mais aussi d’historiens d’art et de gestionnaires ont été plus nombreux. Dans ce séminaire nous proposons de développer une approche proprement économique. Nous distinguerons au sein de la pratique de collection tant une activité de « consommation » qu’une activité plus « productive », montrant comment le collectionneur intervient non seulement dans la détermination de la valeur économique mais également artistique. Il sera également montré à travers cette distinction consommation/production comment les profils de collectionneurs peuvent se définir le long d’un continuum allant du collectionneur « égoïste accumulateur » jusqu’au « collectionneur altruiste » pour lequel la collection n’est que la conséquence d’un intérêt pour le bien public.

§  12 décembre : « Marchez sur Cologne: Internationalisation du marché et résistance des artistes au tournant des années 1970 », Sophie Cras, docteure en Histoire de l'art, Assistante à la direction scientifique du Centre Allemand d'Histoire de l'art à Paris.

Autour de 1970, la hausse des prix et l’expansion du marché de l’art – en particulier dans la zone s’étendant des Pays Bas au Nord de l’Italie en passant par l’Allemagne de l’Ouest et la Suisse – rencontrent un mécontentement croissant auprès des artistes européens. La Foire de Cologne est l’une des cibles les plus importantes de ces protestations. Elle incarne alors, en effet, les nouvelles inflexions stratégiques du marché de l'art, marquées par l'internationalisation, la valorisation des multiples et éditions, et un fort caractère événementiel. La communication se propose de retracer les réactions et résistances des artistes face à ces évolutions, qu'elles prennent la forme de manifestations politiques - comme « L'Appel à l'action » mené par Joseph Beuys, Erwin Heerich et Klaus Staeck - ou d'œuvres d'art - avec l'exemple de Marcel Broodthaers.

§  16 janvier : « Maurice Dufrène, un représentant majeur mais méconnu de l’Art déco », Jérémie Cerman, MCF en histoire de l’art à l’Université Paris-Sorbonne, Centre André Chastel.
Débutant sa carrière en pleine période de l’Art nouveau, Maurice Dufrène (1876-1955) devient plus tard l’un des ensembliers majeurs de l’Art déco. Connu notamment pour sa position à la tête des ateliers d’arts appliqués La Maîtrise des Galeries Lafayette, il mène une carrière lui valant de nombreux titres et distinctions. Étonnamment, son œuvre n’a pas vraiment bénéficié d’approfondissement jusqu’ici. À travers un aperçu de sa carrière, notre intervention entend rappeler la place prépondérante occupée par cet artiste dans le milieu des arts décoratifs français durant plus de quarante ans, tout en interrogeant les raisons de son relatif oubli, parmi lesquelles figure peut-être la faible valorisation de son œuvre sur le marché de l’art.

§  13 février : « Approches des marchés de l’art contemporain en dehors du mainstream », Annabelle Boissier, docteure en anthropologie, Chercheuse associée à l’Université Aix Marseille/CNRS, LAMES UMR 7305.

L’objet de cette présentation sera de discuter la manière dont l’émergence de monde de l’art contemporain en Thaïlande (années 1990) et en Tunisie (années 2000) a conduit les acteurs des marchés de l’art de ces deux pays à modifier leurs procès de production. De quelles manières les galeristes s’adaptent-t-ils aux nouveaux modes d’évaluation et de monstration des œuvres proposés par les acteurs de l’art contemporain et parviennent-ils ou non à convaincre leur clientèle ? Il s’agira par ailleurs de discuter les différences et les similarités induites par ces situations. Peut-on y appliquer les méthodologies de recherche mises en place par Raymonde Moulin notamment ? Ces terrains, extérieurs au mainstream de l’art contemporain, permettent-ils de proposer des analyses innovantes des marchés singuliers ?

§  13 mars : « Le rôle des grands magasins japonais sur le marché de l'art: entre marketing et mission culturelle »,
Cléa PATIN, MCF au Département des études japonaises, Faculté des langues de l’Université Jean Moulin (Lyon 3).

Dès l’origine, les grands magasins, en France comme au Japon, ont innové dans le domaine de la distribution de détail, non seulement en présentant des prix attractifs, mais en distillant une aura de distinction, en osmose avec les aspirations de la classe bourgeoise ascendante. Or, dans le domaine artistique, les grands magasins japonais ont rapidement atteint une force de frappe inégalée. Comment s’est donc déployée leur action, dans ce domaine pourtant réputé économiquement peu rentable ? Soucieux de se peaufiner une image de prestige auprès de la clientèle, ils ont disposé dès le début du XXe siècle d’atouts précieux pour acquérir des œuvres auprès des artistes, puis les diffuser sur l’ensemble du territoire. Après la guerre, concurrence oblige, ils ont commencé à s’associer aux grands organes de presse pour organiser des expositions « blockbusters ». Aujourd’hui encore, ils continuent de s'investir dans  la vente de tableaux, notamment dans le domaine de la peinture figurative traditionnelle, n’hésitant pas à empiéter sur le terrain des galeristes. À travers un travail de terrain (enquête, questionnaire, observation participante), nous tâcherons d’offrir un panorama historique et sociologique de leur action et de leurs motivations dans le domaine de l’art.

§  10 avril : « La peinture italienne de Giotto à Alberti : quel marché pour quel art ? », Etienne Anheim,  MCF en histoire médiévale à l’Université de Versailles/Saint-Quentin-en-Yvelines

À partir de la rupture de la fin du XIIIe siècle, symbolisée par la figure de Giotto mais qui la dépasse largement, la « nouvelle peinture », caractérisée à la fois par de nouveaux procédés techniques, de nouveaux investissements politiques et spirituels et un nouveau rapport à la représentation, devient le creuset de la modernité iconographique. A ce titre, on a souvent voulu voir dans l'espace italien, en particulier toscan, de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance le lieu d'invention du marché de l'art. On peut cependant discuter l'idée de faire remonter cette dernière notion à une période aussi ancienne, et explorer au contraire l'idée que dans l'Italie de la Renaissance, on ne connaît pas de « marché de l'art ». Faute de « marché » et d'« art » au sens moderne, sans doute. Mais aussi et surtout parce que les pratiques marchandes qui investissent l'art, on essaiera de le montrer, ne prennent pas les oeuvres pour objet, mais d'abord les artistes et leur travail, définissant ainsi un rapport à la valeur économique de l'art différent de celui impliqué par le terme de « marché de l'art » dans son acception traditionnelle.

§  15 mai : « Une approche géographique du marché de l'art contemporain en Inde », Christine Ithurbide, Laboratoire CESSMA, Université Paris Diderot

Cette présentation propose d’interroger la contribution de l’approche géographique dans la compréhension du marché de l'art contemporain indien, son développement et ses enjeux dans les dynamiques urbaines, sociales et économiques des métropoles. Après avoir présenté le développement des principales structures et acteurs de ce marché en plein essor depuis les années 2000 à l’échelle nationale, il s’agira d’analyser à l’échelle de Bombay les processus d’adaptation et de transformation des territoires de l’art locaux face à la mondialisation de l’art et de comprendre sur quelle organisation locale, souvent informelle, repose ce marché. 

§  12 juin : « Jean Leppien et les galeries d'art abstrait, à Paris après 1945. Le marché de l'art, agent de la "reterritorialisation" des créations exilées? », Denise Vernerey-Laplace, docteure en Histoire et Civilisations, Centre Georg SIMMEL, EHESS/CNRS.

En 1945, Jean Leppien, un « Ancien du Bauhaus » réfugié à Paris depuis 1933,  tisse un réseau artistique et marchand au gré d'une fréquentation assidue des galeries, des critiques et des artistes influents qu'il y rencontre. Cette étude de cas propose l'analyse du marché de l'art comme instance de « reterritorialisation » de la création exilée, au sens où l'entendent Deleuze et Derrida.

mercredi 10 septembre 2014

Conférence à la Biennale des Antiquaires - 11 septembre, 15h30, Grand Palais

Biennale des Antiquaires 2014

Paris, Grand Palais, du 10 septembre au 21 septembre 2014

Conférence le jeudi 11 septembre à 15h30
"Marchand d'art, un métier du vingtième siècle"

Informations pratiques : http://www.sna-france.com/


jeudi 3 juillet 2014

Groupe de recherche sur le marché de l'art (GREMA)



Mise en place d’un Groupe de recherche pluridisciplinaire sur le marché de l’art (GREMA) au sein du Centre d’histoire sociale du XXe siècle (Université Paris 1 / CNRS)

Le marché de l’art, entendu au sens large comme l’ensemble des structures, des acteurs et des mécanismes qui interviennent dans la commercialisation de l’art, a fait ponctuellement l’objet depuis quelques décennies de recherches individuelles dans le champ académique. Ces dernières années, plusieurs thèses de doctorat soutenues dans différentes universités et disciplines témoignent d’un regain de dynamisme de la recherche autour de cet objet qui intéresse l’histoire et l’histoire de l’art, l’économie et les sciences de gestion, la géographie et la sociologie, l’esthétique et le droit.
Par ailleurs, l’intérêt du grand public pour le marché de l’art ne se dément pas. Des dizaines de milliers de visiteurs se pressent à la FIAC chaque automne, et les records atteints en ventes publiques par des œuvres de Pablo Picasso, Francis Bacon ou Damien Hirst font régulièrement les grands titres de la presse générale et spécialisée. Le mystère autour de la valeur de l’art – comment se fixent les prix, qui achète quoi, comment savoir ce que cela vaudra demain, ou dans un siècle ? – entretient la fascination d’un grand nombre d’amateurs cherchant à pénétrer dans les coulisses d’un monde encore très opaque, où les carrières, comme les réputations, se font et se défont. L’attention se porte sur les acteurs de ce marché de l’art – artistes, collectionneurs, marchands, commissaires-priseurs, experts et critiques – qui ont acquis au fil du temps une forte influence dans la construction de la valeur, économique aussi bien qu’esthétique, de l’art. 
Le groupe de recherche a d’emblée une vocation pluridisciplinaire et accueille des chercheurs issus des sciences humaines et sociales (sociologie, histoire, géographie et histoire de l’art), mais aussi des sciences économiques et juridiques. Il veut offrir à ces chercheurs un espace de discussion et de collaboration, en mêlant présentation de recherches en cours, état des lieux des sources et des méthodologies, et construction de projets collectifs visant à combler les lacunes de nos connaissances scientifiques dans le domaine.
Le séminaire de recherche du GREMA est ouvert à tou-te-s, sans inscription, un vendredi par mois de 17h à 19h au Centre Malher de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne (M° Saint-Paul, 9 rue Malher, salle 106) : les 14 novembre, 12 décembre, 16 janvier, 13 février, 13 mars, 10 avril, 15 mai et 12 juin. En 2014-2015, il sera animé par Julie Verlaine, MCF d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. 

  •  Pour recevoir des informations au sujet du Groupe de recherche, écrire à l’adresse suivante : info.grema@gmail.com ou à julie.verlaine@univ-paris1.fr  Nous mettrons prochainement en place un Carnet de recherche Hypothèses et une liste de diffusion.



lundi 30 juin 2014

Recensions de l'ouvrage Femmes collectionneuses d'art et mécènes


Recensions de l'ouvrage Femmes collectionneuses d'art et mécènes.

Billet régulièrement mis à jour.



samedi 14 juin 2014

Conférence au musée Soulages, Rodez, 5 juin 2014

Conférence
"Promenade dans les Galeries d'art parisiennes après la Libération : querelles esthétiques, provocations politiques et promotion commerciale"
musée Soulages à Rodez
jeudi 5 juin 2014

La conférence peut être intégralement réécoutée en ligne sur le site des Amis du musée Soulages

mardi 3 juin 2014

Nocturne rive droite, 4 juin 2014

Devenue depuis plus de 15 ans un rendez-vous incontournable du marché de l’art à Paris, la prochaine Nocturne Rive Droite se tiendra le mercredi 4 juin 2014 de 17h à 23h.
Cet événement rassemble 70 professionnels de l’art, avec de très nombreuses expositions, vernissages, …
Cette soirée est l’occasion de rencontrer certains des plus grands spécialistes de l’art, pour partager leur passion et leur enthousiasme !

Signature des ouvrages Les galeries d'art contemporain à Paris et Femmes collectionneuses d'art et mécènes, à la Galerie Applicat-Prazan Rive Droite - 14 avenue Matignon – 75008 Paris, de 17h à 23h.
Venez nombreux !

vendredi 9 mai 2014

Femmes collectionneuses d'art et mécènes, de 1880 à nos jours

Composition : S. Le Dantec


Annonce de parution : 
Julie Verlaine, Femmes collectionneuses d'art et mécènes, de 1880 à nos jours, Paris, Hazan, 2014, 288 p.




Y a-t-il une manière féminine de collectionner ? Une collection d’art peut-elle avoir un genre ? Cet ouvrage présente la première synthèse historique jamais publiée sur les femmes collectionneuses et mécènes d’art en Occident depuis la fin du xixe siècle jusqu’à nos jours. Il comble les lacunes de la bibliographie consacrée aux collectionneurs en prenant comme grille de lecture principale la notion de genre. Constatant que les pratiques féminines de collection, d’exposition et de mécénat sont profondément méconnues, l’auteur entend à la fois expliquer cette lacune et démonter les a priori culturels et politiques qui aboutissent à occulter le rôle des grandes figures féminines dans le champ artistique.
Dans la lignée des travaux de Griselda Pollock et Roszika Parker sur les femmes artistes, Julie Verlaine remet en question la construction sexuée des représentations et des pratiques dans le domaine de la collection d’art. En faisant la part belle aux collectionneuses européennes, elle entend par ailleurs reconsidérer la place de premier plan donnée aux collectionneuses américaines, bien connues grâce au récent ouvrage de Dianne Sachko MacLeod (Enchanted Lives, Enchanted Objects: American Women Collectors and the Making of Culture, 1800-1940, 2008). Deux publications allemandes (Britta Jürgs, Sammeln nur um zu besitzen, 2000 ; Uwe Fleckner et al., Kunstsammlerinnen: Peggy Guggenheim bis Ingvild Goetz, 2009) et une britannique (Charlotte Gere et Marina Vaizey, Great Women Collectors, 1999) ont bien esquissé des portraits individuels de collectionneuses d’art, allant de la Renaissance à nos jours, mais sans présenter une vision synthétique de cette histoire au féminin.
 Comparant les pratiques par-delà les frontières, plusieurs chapitres thématiques analysent les principales évolutions du collectionnisme au féminin : la progressive émancipation juridique et économique, le rapport avec la demeure privée, puis avec le musée ouvert au public, les milieux sociaux et les goûts artistiques – du vase chinois à l’art conceptuel en passant par l’étape essentielle du surréalisme. La période considérée s’étend de la fin du xixe siècle, qui voit la fin du modèle aristocratique du mécénat et de la commande, jusqu’à la période contemporaine, où les notions mêmes de collection, d’art et d’Occident paraissent proches de l’éclatement. La progression, chronologique, montre que l’émancipation des femmes dans les sociétés occidentales peut se lire à travers l’histoire de leurs collections d’art, outil puissant de libération culturelle et d’affirmation de soi.
Alternant avec ces mises au point, plusieurs portraits singuliers retracent l’itinéraire biographique et esthétique de collectionneuses remarquables, parmi lesquelles Nélie Jacquemart, Hélène Kröller-Müller, Helena Rubinstein, Marie Laure de Noailles, Peggy Guggenheim ou encore, plus près de nous, Dominique de Ménil ou Ingvild Goetz. Cette galerie de portraits révèle l’extrême diversité des personnalités et des motivations.
Abondamment documenté grâce à un recours systématique aux documents d’archives, confrontant approche contextuelle et biographique, cet ouvrage démontre l’impérieuse nécessité de procéder à une réévaluation de l’action des collectionneuses d’art, s’agissant du soutien à la création vivante, du progrès de la connaissance artistique et surtout de la patrimonialisation des chefs-d’œuvre de l’art depuis 1880.