mercredi 12 février 2014

Marché et mécénat au service de l'art contemporain





HiPaM – Histoire du Patrimoine et des Musées
Cycle 2014 : Théâtre(s) contemporain(s) / Collections et Collectionneurs
Séance n°2 organisée par Déborah Couette & Carolina Ruoso
Mardi 18 février 18h – 20H / INHA, salle Demargne
Salon d'été (maquette), 26 août 1974.
Julie Verlaine
Vendre, collectionner et aider l’art contemporain en Europe : portraits de quelques mécènes, entre le marché et le musée
Les dernières décennies du XXe siècle voient un changement des pratiques, une dilatation des échelles et un élargissement des champs couverts par les collections d’art. La mondialisation ne s’impose pas ex nihilo dans ce milieu fortement marqué, dès la fin du XIXe siècle, par un internationalisme artistique conjuguant ouverture intellectuelle et voyages lointains. Ce qui se transforme, sous l’effet des innovations techniques et technologiques affectant les communications et les transports, ce sont d’une part la vitesse de circulation des informations et des personnes, et d’autre part les dimensions spatiales et temporelles de la collection d’art comme activité de loisir : les représentations et les pratiques des collectionneurs et collectionneuses d’art s’en trouvent, sinon plus uniformes, du moins plus homogènes. Ingvild Goetz, Agnès b., Patrizia Re Sandretto Rebaudengo sont quelques-unes des figures analysées pour mieux saisir les nouvelles intrications entre le marché et le musée à l’âge contemporain.
Agrégée d’histoire, ancienne élève de l’École normale supérieure, Julie Verlaine est maîtresse de conférences en histoire culturelle contemporaine à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, et membre du Centre d’histoire sociale du XXe siècle (UMR 8058, CNRS/Paris I). Ses recherches portent sur les rapports entre arts et sociétés à l’époque contemporaine, avec une attention particulière pour le marché de l’art, l’histoire des collections publiques et privées et les processus de patrimonialisation. Elle est l’auteur de plusieurs articles sur ces sujets. Une version remaniée de sa thèse a été publiée fin 2012 : Les galeries d’art contemporain à Paris. Une histoire culturelle du marché de l’art 1944-1970, aux Publications de la Sorbonne. La question des rapports artistiques de genre – assignations, frontières et transgressions du masculin et du féminin – sont au centre de plusieurs projets en cours, portant sur les domaines de la création, de la diffusion et de la collection d’art.
Céline Delavaux
Affaire Dubuffet contre Régie Renault : quand le mécénat mène au tribunal
À la fin des années 1960, la Régie nationale des usines Renault a mis en place une politique de mécénat et d'incitation à la création tout à fait exceptionnelle. Un département spécial, « Recherches. Art et Industrie », a été fondé qui instaure une étroite collaboration entre Renault et des artistes contemporains. L'artiste Jean Dubuffet sollicite tout d'abord le constructeur automobile pour une aide technique qui facilitera la construction de sa Villa Falbala. Après ce premier échange, Renault passe plusieurs commandes à Dubuffet dont l'ultime est l'ambitieux projet du Salon d'été. Certes, la réalisation de cette œuvre monumentale sur le site de la Régie Renault à Boulogne-Billancourt soulève des problèmes techniques comme tout chantier de grande ampleur. Mais lorsque la nouvelle direction de cette entreprise décide d'arrêter les travaux, Jean Dubuffet saisit le tribunal pour atteinte à l'intégrité de son œuvre. En 1983, près huit années de procédure, la justice lui donnera raison… mais le Salon d'été ne verra jamais le jour.
Docteur en littérature, Céline Delavaux est l’auteur de L'Art brut, un fantasme de peintre. Jean Dubuffet et les enjeux d'un discours (éd. Palette, 2010) et des Procès de l'art (éd. Palette, 2013), co-écrit avec Marie-Hélène Vignes, avocate spécialisée en propriété intellectuelle. Corédactrice en chef et secrétaire de rédaction des revues culturelles Cassandre et Pulp, elle est également membre cofondateur du CrAB (Collectif de réflexion autour de l’art brut).