mercredi 16 octobre 2013

Annonce de publication : Poliakoff, le rêve des formes


J. Verlaine, « La destinée singulière d’un peintre face à l’évolution du goût artistique (1945-1969) », dans Serge Poliakoff. Le rêve des formes, catalogue d’exposition, Paris, Musée d’art moderne de la Ville de Paris / Paris-Musées, 2013, p. 77-80.

 Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris consacre au peintre abstrait Serge Poliakoff (1900-1969) une importante rétrospective de près de 150 œuvres réalisées entre 1946 et 1969. Depuis 1970, aucune exposition parisienne de grande ampleur n’a été consacrée à cet artiste majeur de l’École de Paris, soutenu par les plus grands historiens de l’abstraction (Charles Estienne, Michel Ragon, Dora Vallier) et qui, par l’intermédiaire de ses marchands (Denise René, Dina Vierny), a su éveiller l’intérêt de nombreux collectionneurs privés.
Le parcours de l’exposition est conçu comme un cheminement s’organisant en plusieurs séquences autour d’oeuvres-clés. Depuis ses années de recherches et la période de l’après-guerre –lorsqu’il appartient à l’avant-garde de la peinture abstraite, expose dans divers salons, attire l’attention de Kandinsky– jusqu’aux dernières peintures d’une modernité plus épurée (1968-1969).
Comme tous les artistes de l’abstraction intégrale, Poliakoff explore les relations entre la ligne et la surface, le fond et la forme, la couleur et la lumière. Mais l’apparente unité formelle de ses oeuvres dissimule une multiplicité de solutions picturales que le parcours de l’exposition rend lisibles. Les couleurs concentrées, la vibration de la matière, tout comme l’agencement savant des formes qui s’équilibrent dans une tension énergique contenue, jouent ensemble un rôle capital.
C’est cette lecture qui est proposée, montrant la singularité d’une approche particulièrement sensible et l’intense spiritualité d’une oeuvre qui n’a d’autre objet que ce « rêve des formes en soi qui est le grand mystère à élucider de ‘l’abstrait’ » (Pierre Guéguen).

Un accrochage dense de gouaches complète cette présentation, tandis que des projets de tissus, de vitraux et de céramiques mettent en relief les rapports féconds que Poliakoff entretenait avec le décoratif.

Enfin, l’exposition bénéficie d’un important appareil documentaire (photographies, archives visuelles et sonores) permettant d’appréhender la vie du peintre. Les débuts tumultueux d’un jeune émigré russe fuyant la Révolution ; puis l’ambiance artistique d’après guerre ; et enfin, les années de succès, au cours desquelles ses oeuvres attirent l’attention des personnalités du monde politique, de la mode et du cinéma (Yves Saint-Laurent, Greta Garbo, Yul Brynner, Anatol Litvak, etc.) mais aussi et surtout de la jeune scène artistique des années 1960 qui voyait en Poliakoff un des peintres les plus radicalement modernes.

Un catalogue, largement illustré et édité par Paris-Musées, est publié à cette occasion. Prix : 35 euros.

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