vendredi 5 février 2016

Le genre de l'archive ? Constitution et transmission des mémoires militantes


Les femmes ou les silences de l’histoire, tel était le titre d’un ouvrage de Michelle Perrot qui a été, on le sait, une de celles – et plus rarement de ceux – qui ont, en France, inventé l’histoire des femmes. Mais s’il y a silence de l’histoire n’y a-t-il pas aussi, trop souvent, silence des archives ? Qu’en est-il des « femmes en archives » ? Et quel est le rôle respectif des hommes et des femmes dans la constitution des fonds ? Donatrices ou légatrices, veuves parfois « abusives », dit-on, ne se sontelles pas effacées au profit des hommes en veillant à leur mémoire alors que la pareille ne leur était pas rendue ? Et qui sont les hommes qui ont veillé à la mémoire des femmes, sœurs, mères ou compagnes ? Quel est le sort réservé aux couples militants ? Une femme construitelle sa mémoire autrement qu’un homme ? Un homme construit-il la mémoire d’une femme autrement que celle d’un homme ? Ces questions, qui ne sont évidemment pas atemporelles mais qu’il faudra poser en tenant compte de l’histoire des rapports de sexe, comme de l’histoire des professions d’archivistes et d’historien-ne-s irrigueront la journée genre de l’archive organisée le 11 février par le Centre d’histoire sociale du xxe siècle (CHS) et le Collectif des centres de documentation en histoire ouvrière et sociale (Codhos). Il s’agira d’un domaine bien particulier, celui de l’histoire du militantisme : militantisme ouvrier où l’émancipation a été longtemps symbolisée par une figure prolétarienne généralement virile ; mais aussi militantisme féministe, qui s’est préoccupé dès longtemps de mémoire – pensons à la bibliothèque Marguerite Durand, du nom de sa fondatrice ou à l’encyclopédie féministe d’Hélène Brion, ou encore à la récente création d’Archives du féminisme, sans parler de divers dictionnaires. On attend de cette journée d’études, non pas des réponses définitives aux questions posées, ce qui serait illusoire et présomptueux, mais bien plutôt une lecture des archives du social en termes de genre.

Programme
9 h Accueil des participants par Françoise Blum
9 h 15 Introduction par Michelle Perrot

9 h 45 Session 1 Femmes et archives 

Présidence Michelle Perrot
  • Éric Lafon (MHV), Duclos/Rebérioux : masculin/féminin de l’archive
  • Colette Avrane, Femmes sans archives : d’Hélène Brion à Berthe Fouchère
  • Alicia Leon Y Barella (Université Paris 1), Rossana Vaccaro (CHS XXe siècle), Construire la mémoire d’une militante : le cas de Bernadette Cattaneo
10 h 45 pause
  • Julien Pomart (FMSH), Entre genre et nombre, une féministe et sa famille : le fonds Marguerite Pichon-Landry
  • Lucie Guesnier (CHS du XXe siècle), Compagne d’Aragon et Triolet : Suzanne Arlet, écrivaine et militante 
Discussion

14 heures Session 2 Couples militants

Présidence Julien Pomart
Keynote par Sylvie Chaperon (Université de Toulouse, archives du féminisme), Les féministes et leurs archives
  • Marie-Geneviève Dezès (IFHS), L’intime dans l’archive à l’IFHS, trois exemples : archives de couple (Pauline Roland et Jean Aicard, Louis et Gabrielle Bouët), archives de femme (Hélène Brion, Hélène Gosset, Renée Lamberet), cotes personnelles d’archives masculines (Paul Delesalle, Maurice Dommanget)
  • Franck Veyron (BDIC), Où est donc Jeanne Halbwachs ? : à propos du fonds Michel Alexandre
  • Michel Prat (CEDIAS-Musée social), Le fonds Schwalbach : archives d’un couple militant
15 h 15 pause
  • Isabelle Lassignardie (Archives du PCF), Annette Vidal : secrétaire-archiviste d’Henri Barbusse
  • Annette Wieviorka (IRICE), L’inégalité archivistique dans le couple : l’exemple de Maurice et Jeannette
Conclusion Julie Verlaine (CHS XXe siècle)